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Jadis tu te levais ; tes tribus palpitantes
Criaient : « Seigneur ! Seigneur ! ou jamais, ou demain ! »
Tu sortais tout armé, tu combattais : soudain
L’Assyrien frappé tombait sans voir la main ;
D’un souffle de ta peur tu balayais ses tentes,
Ses ossements blanchis nous traçaient le chemin !
Où sont-ils, où sont-ils ces sublimes spectacles
Qu’ont vus les flots de Gad et les monts de Séirs ?

Hé quoi ! la terre a des martyrs,
Et le ciel n’a plus de miracles ?

Cependant tout un peuple a crié : « Sauve-moi ;
Nous tombons en ton nom, nous périssons pour toi ! »

Les monts l’ont entendu ; les échos de l’Attique
De caverne en caverne ont répété ses cris ;
Athène a tressailli sous sa poussière antique,
Sparte les a roulés de débris en débris !
Les mers l’ont entendu ; les vagues sur leurs plages,
Les vaisseaux qui passaient, les mâts, l’ont entendu ;
Les lions sur l’Œta, l’aigle au sein des nuages :
Et toi seul, ô mon Dieu, tu n’as pas répondu !

Ils t’ont prié, Seigneur, de la nuit à l’aurore,
Sous tous les noms divins où l’univers t’adore ;
Ils ont brisé pour toi leurs dieux, ces dieux mortels ;
Ils ont pétri, Seigneur, avec l’eau des collines,
La poudre des tombeaux, les cendres des ruines,

Pour te fabriquer des autels,


Des autels à Délos, des autels sur Égine,
Des autels à Platée, à Leuctre, à Marathon ;