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Tu vas voir la céleste armée
Déployer ses orbes sans fin,
Comme une poussière animée
Qu’agite le souffle divin.
Ces doux soleils dont ta paupière
Devinait de loin la lumière
Vont s’épanouir sous tes yeux,
Et chacun d’eux dans son langage
Va te saluer, au passage,
Du grand nom que chantent les cieux !

Tu leur demanderas les rêves
Que ton cœur élançait vers eux,
Pendant ces nuits où tu te lèves
Pour te pénétrer de leurs feux ;
Tu leur demanderas les traces
Des êtres chéris dont les places
Restèrent vides ici-bas,
Et tu sauras sur quelle flamme
Leur âme arrachée à ton âme
En montant imprima ses pas.

Tu verras quels êtres habitent
Ces palais flottants de l’éther
Qui nagent, volent ou palpitent,
Enfants de la flamme et de l’air,
Chœurs qui chantent, voix qui bénissent,
Miroirs de feu qui réfléchissent,
Ailes qui voilent Jéhovah ;
Poudre vivante de ce temple,
Dont chaque atome le contemple,
L’adore, et lui crie : Hosanna !