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Ne pouvait plus tarir la plainte sur sa bouche,

Et disait : « Laissez-moi parler[1] ! »


Mais que dis-je ? Est-ce toi, vérité, jour suprême,

Qui te caches sous ta splendeur ?

Ou n’est-ce pas mon œil qui s’est voilé lui-même

Sous les nuages de mon cœur ?


Ces enfants prosternés aux marches de ton temple,

Ces humbles femmes, ces vieillards,

Leur âme te possède et leur œil te contemple :

Ta gloire éclate à leurs regards !


Et moi, je plonge en vain sous tant d’ombres funèbres :

Ta splendeur te dérobe à moi !

Ah ! le regard qui cherche a donc plus de ténèbres

Que l’œil abaissé devant toi ?


Dieu de la lumière,
Entends ma prière,
Frappe ma paupière
Comme le rocher !
Que le jour se fasse,
Car mon âme est lasse,
Seigneur, de chercher !
Astre que j’adore,
Ce jour que j’implore
N’est point dans l’aurore,

  1. Job, ch. XXI.