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C’est Dieu, pensais-je, qui m’emporte :
L’infini s’ouvre sous mes pas !
Que mon aile naissante est forte !
Quels cieux ne tenterons-nous pas ?
La Foi même, un pied sur la terre,
Monte de mystère en mystère
Jusqu’où l’on monte sans mourir :
J’irai, plein de sa soif sublime,
Me désaltérer dans l’abîme
Que je ne verrai plus tarir !

J’ai cherché le Dieu que j’adore
Partout où l’instinct m’a conduit,
Sous les voiles d’or de l’aurore,
Chez les étoiles de la nuit.
Le firmament n’a point de voûtes,
Les feux, les vents n’ont point de routes
Où mon œil n’ait plongé cent fois :
Toujours présent à ma mémoire,
Partout où se montrait sa gloire,
Il entendait monter ma voix.

Je l’ai cherché dans les merveilles
Œuvre parlante de ses mains,
Dans la solitude et les veilles,
Et dans les songes des humains.
L’épi, le brin d’herbe, l’insecte,
Me disaient : « Adore et respecte !
Sa sagesse a passé par là. »
Et ces catastrophes fatales
Dont l’histoire enfle ses annales,
Me criaient plus haut : « Le voilà ! »