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cale des cathédrales et des antiques mosquées de son pays.

Nous n’y entrions jamais qu’avec un certain respect.


XVII


Le frère aîné de mon père habitait cette maison la moitié de l’année, et la possédait conjointement avec ses deux sœurs. Il était le seul qu’on appelât du nom de famille. L’aînée des sœurs s’appelait mademoiselle de Lamartine ; la seconde s’appelait madame la comtesse de Villars, de son titre de chanoinesse et d’un nom de terre, de Franche-Comté, que lui avait donnée mon grand-père.

Cet oncle avait alors environ soixante ans ; il était cassé pour son âge, par suite d’une constitution faible et par des infirmités précoces. Il avait la vue basse et marchait en chancelant. Il n’avait rien de la nature forte, souple, saine et martiale de mon père. Sa taille était moyenne, ses membres grêles, sa taille un peu voûtée par l’habitude de regarder les pavés de près et de passer de longues heures courbé sur les livres de sa bibliothèque. Bien qu’il eût les instincts constitutionnels et libéraux de 1789 dans l’âme, et qu’il fût un ancien disciple et ami de Mirabeau, il avait gardé assez sévèrement le costume extérieur et aristocratique de l’ancien régime. Il portait les souliers à boucles de diamant, les bas de soie, la culotte courte bouclée sur le genou, la veste a longue basque et a larges poches pleines de tabatières, les chaînes de montre en anneaux d’or flottant sur les cuisses, l’habit ouvert, à cravate étroite comme un col-