Cette hutte ne contenait, dans ses murailles salies par la pluie et bâties en pierres angulaires de granit sombre et d’ardoise noire, qu’une petite chambre où couchaient la pauvre femme et ses enfants. Le foyer de genêt y fumait sur une large pierre brute. A côté, une étable un peu plus longue que la chambre, séparée du toit par un plancher à claire-voie en branches tressées pour serrer l’herbe et la paille de l’hiver. Une ânesse, deux chèvres et quelques brebis y rentraient le soir du pâturage sous la garde des petits enfants.
La nourrice, instruite depuis longtemps de la catastrophe du château, de l’emprisonnement du comte et de la disparition de la jeune demoiselle qu’elle avait tant aimée, fondit en larmes en la reconnaissant sous le costume de chasseur. Elle lui donna son lit dans la chambre unique, s’arrangea pour elle-même une couche de genêts aux pieds de sa maîtresse, porta les lits des petits enfants dans l’étable chaude de l’haleine du troupeau, et donna à l’étranger quelques toisons de laine non encore filées pour se garantir du froid dans le fenil.
Ces soins pris, elle partit avant le jour pour aller acheter, dans le bourg le plus éloigné de la montagne, du pain blanc, du vin, du fromage et des poules pour la nourriture de ses hôtes. Elle prit la précaution d’acheter ces provisions dans plusieurs villages, de peur d’éveiller des soupçons par une dépense disproportionnée à ses habitudes et à sa pauvreté. Avant midi, elle avait gravi de nouveau sa montagne, déposé ses besaces sur