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LIVRE DOUZIÈME


I


Cette société me fut très-utile. Elle dépaysa mon esprit de cette philosophie de corps de garde et de cette littérature efféminée qu’on respirait alors en France. Elle me montra des hommes de la nature au lieu de ces copies effacées qui formaient alors le monde pensant à Paris. Elle me transplanta dans un monde original, excentrique, nouveau, dont le type m’avait été inconnu jusque-là. C’était non-seulement la société du génie alpestre dans une vallée de la Savoie, c’était aussi la société de la jeunesse, de la grâce et de la beauté ; car autour de ces troncs d’arbres séculaires de la famille de Maistre et de Vígnet, il y avait des rejetons pleins de séve, des génies en espérance, des âmes en fleur. J’y étais accueilli comme le fils ou le frère de tous