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J’adressai cette romance, par le batelier, à mademoiselle de Vincy. Ce fut mon adieu a mes hôtes.

Noble et hospitalière famille ! Le souvenir de ses bontés ne m’a jamais quitté depuis. J’ai toujours regretté de n’avoir pu lui rendre, dans la personne de quelques-uns de ses membres, ce que j’en ai reçu de services, d’abondance de cœur et de fraternité ! Le père et la mère sont morts avant que la fortune soit revenue consoler et relever leur maison. Maintenant elle est redevenue, dit-on, riche et prospère. Que Dieu bénisse dans les enfants la mémoire de la mère et du père !

Je n’ai jamais repassé sur la route de Genève à Lausanne sans lever les yeux sur le château de Vincy et sans recueillir ma pensée dans un souvenir et dans un regret. Il fut pendant quelques semaines, pour moi, comme une maison paternelle. Quelque chose du sentiment qu’on porte au toit de sa famille s’y attache pour mon cœur. De toutes les plantes dont on pare aujourd’hui les jardins et le seuil de ce château, la plus vivace et la plus durable, c’est la reconnaissance du poëte pour le seuil de l’hospitalité.


XIII


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Je revins, après la rentrée des Bourbons, reprendre à Paris mon service militaire dans la garde du roi, C’est alors que je me retrouvai avec un de mes amis d’enfance qui était aussi entré dans les gardes du corps. Il s’appelait le comte Aymon de Virieu. On l’a déjà entrevu en