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sidaient à ces rapports d’intimité si délicate, et les sentiments mutuellement conçus, ranimés par des visites annuelles au chapitre, donnaient lieu plus tard à des mariages d’inclination, si rares, à cette époque, dans la société française.


VI


Une des sœurs de mon père était chanoinesse d’un de ces chapitres nobles dans le Beaujolais, aux bords de la Saône, entre Lyon et Mâcon ; elle avait fait ses vœux à vingt et un ans. Elle y avait une maison que mon grand père avait bâtie pour elle. Elle y logeait une charmante amie de seize ans, qui venait d’entrer au chapitre. Mon père, en allant voir sa sœur à Salles (c’est le nom du village), fut frappé des grâces, de l’esprit et des qualités angéliques de cette jeune personne. La jeune recluse et le bel officier s’aimèrent. La sœur de mon père fut la confidente naturelle de cette mutuelle tendresse. Elle la favorisa, et, après bien des années de constance, bien des obstacles surmontés, bien des oppositions de famille vaincues, la destinée, dont le plus puissant ministre est toujours l’amour, s’accomplit, et mon père épousa l’amie de sa sœur.


VII


Alix des Roys, c’est le nom de notre mère, était fille de M. des Roys, intendant général des finances de M. le duc d’Orléans. Madame des Roys, sa femme, était sous-