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IV


Les familiarités charmantes de ces longues et douces soirées à la lueur de la lampe, à la tiède chaleur du brasier d’olives sous nos pieds, n’amenaient jamais entre nous d’autres pensées ni d’autres intimités que ces intimités d’enfants. Nous étions défendus, moi par mon insouciance presque froide, elle par sa candeur et sa pureté. Nous nous séparions aussi tranquilles que nous nous étions réunis, et un moment après ces longs entretiens nous dormions sous le même toit, à quelques pas l’un de l’autre, comme deux enfants qui ont joué ensemble le soir et qui ne rêvent rien au-delà de leurs simples amusements. Ce calme des sentiments qui s’ignorent et qui se nourrissent d’eux-mêmes aurait duré des années, sans une circonstance qui changea tout et qui nous révéla à nous-mêmes la nature d’une amitié qui nous suffisait pour être si heureux.


V


Cecco, c’était le nom du cousin de Graziella, continuait à venir plus assidûment de jour en jour passer les soirs d’hiver dans la famille du marinaro. Bien que la jeune fille ne lui donnât aucune marque de préférence et qu’il fût même l’objet habituel de ses badinages et un peu le jouet de sa cousine, il était si doux, si patient et si humble devant elle, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être