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grâces à sa divine protectrice pour avoir sauvé son grand-père et son frère, et nous prîmes notre part de sa reconnaissance.


XIV


L’intérieur de la maison était aussi nu et aussi semblable au rocher que le dehors. Il n’y avait que les murs sans enduit, blanchis seulement d’un peu de chaux. Les lézards, réveillés par la lueur, glissaient et bruissaient dans les interstices des pierres et sous les feuilles de fougère qui servaient de lits aux enfants. Les nids d’hirondelles, dont on voyait sortir les petites têtes noires et briller les yeux inquiets, étaient suspendus aux solives couvertes d’écorce qui formaient le toit. Graziella et sa grand-mère couchaient ensemble dans la seconde chambre sur un lit unique, recouvert de morceaux de voiles. Des paniers de fruits et un bât de mulet jonchaient le plancher.

Le pêcheur se tourna vers nous avec une espèce de honte, en nous montrant de sa main la pauvreté de sa demeure ; puis il nous conduisit sur la terrasse, place d’honneur dans l’Orient et dans le midi de l’Italie. Aidé de l’enfant et de Graziella, il fit une espèce de hangar en appuyant une des extrémités de nos rames sur le mur du parapet de la terrasse, l’autre extrémité sur le plancher. Il couvrit cet abri d’une douzaine de fagots de châtaignier fraîchement coupés dans la montagne ; il étendit quelques bottes de fougère sous ce hangar ; il nous apporta deux morceaux de pain, de l’eau fraîche et des figues, et il nous invita à dormir.