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nos deux existences font comme partie l’une de l’autre, et que j’ai parlé de lui presque partout où j’ai eu à parler de moi.   .   .   .   .   .   .   .





I


ÉPISODE


Je menais à Naples à peu près la même vie contemplative qu’à Rome chez le vieux peintre de la place d’Espagne ; seulement, au lieu de passer mes journées à errer parmi les débris de l’Antiquité, je les passais à errer ou sur les bords ou sur les flots du golfe de Naples. Je revenais le soir au vieux couvent où, grâce à l’hospitalité du parent de ma mère, j’habitais une petite cellule qui touchait aux toits, et dont le balcon, festonné de pots de fleurs et de plantes grimpantes, ouvrait sur la mer sur le Vésuve, sur Castellamare et sur Sorrente.

Quand l’horizon du matin était limpide, je voyais briller la maison blanche du Tasse, suspendue comme un nid de cygne au sommet d’une falaise de rocher jaune, coupée à pic par les flots. Cette vue me ravissait.