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théâtre les voûtes sinistres du palais de Dioclétien.

Le soir nous revenions à la ville, notre voiture remplie de fleurs et de débris de statues, rejoindre le vieux Davide, que ses affaires retenaient à Rome, et qui nous menait finir la journée dans sa loge au théâtre. La cantatrice, plus âgée que moi de quelques années, ne me témoignait pas d’autres sentiments que ceux d’une amitié un peu tendre. J’étais trop timide pour en témoigner d’autres moi-même ; je ne les ressentais même pas, malgré ma jeunesse et sa beauté. Son costume d’homme, sa familiarité toute virile, le son mâle de sa voix de contralto et la liberté de ses manières me faisaient une telle impression, que je ne voyais en elle qu’un beau jeune homme, un camarade et un ami.


III


Quand Camilla fut partie, je restai absolument seul à Rome, sans aucune lettre de recommandation, sans aucune autre connaissance que les sites, les monuments et les ruines où la Camilla m’avait introduit. Le vieux peintre chez lequel j’étais logé ne sortait jamais de son atelier que pour aller le dimanche à la messe avec sa femme et sa fille, jeune personne de seize ans aussi laborieuse que lui. Leur maison était une espèce de couvent où le travail de l’artiste n’était interrompu que par un frugal repas et par la prière.

Le soir, quand les dernières lueurs du soleil s’éteignaient sur les fenêtres de la chambre haute du pauvre peintre, et que les cloches des monastères voisins sonnaient l’Ave Maria, cet adieu harmonieux du jour en Ita-