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Rien d’humain ne saurait te retracer aux yeux ;
Rien… qu’une céleste pensée
Qui, durant un songe pieux,
Sur ses ailes de feu dans les airs balancée,
Et du sein d’un cœur pur vers Dieu même élancée,
S’élève et plane dans les cieux.

Je te vis ; je jurai de consacrer la trace
De ce trop rapide moment,
Et de graver ici ton nom… Ta main l’efface
De ce fragile monument.

Un jour, quand je te verrai lire
Ces vers dont un regard est le seul avenir,
Si tes yeux attendris ne peuvent retenir
Une larme aux sons de ma lyre,
Ah ! qu’au moins tu puisses te dire :
« Ces chants qui m’ont ému, c’est moi qui les inspire,
» Et sa muse est mon souvenir ! »