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AVERTISSEMENT.

s’élance, sans transition prononcée, d’une idée à l’autre. Cette forme devait être conservée dans ce cinquième chant par M. de Lamartine ; mais la poésie française ne possède aucun rhythme analogue à la stance de Spencer, ou aux couplets du Tasse dans sa Jérusalem. Pour y suppléer, il a donc été obligé de composer ce dernier chant en stances irrégulières, d’un nombre de vers indéterminé. Ici, c’est le sens et non le nombre de vers qui indique la suspension et le repos ; nous les indiquons, comme dans le poëme original, par un chiffre romain. Quelques personnes ont déjà reproché à M. de Lamartine d’avoir adopté cette forme pour quelques-unes de ses poésies ; nous n’avons rien à leur répondre, si ce n’est qu’elles peuvent facilement la faire disparaître en ne s’arrêtant pas aux suspensions qu’elle indique. Quant à nous, nous pensons toujours que, dans des compositions de longue haleine, des repos ménagés avec art sont nécessaires à la pensée comme aux forces du lecteur, et que ces repos ne peuvent être plus convenablement indiqués que par le poëte lui-même. Il nous aurait paru aussi inconvenant qu’inutile de parler des opinions politiques ou religieuses de l’auteur français dans l’avertissement d’un ouvrage de littérature légère, si nous n’avions été récemment encore mis en garde contre l’injustice des interprétations les plus forcées, par des articles de journaux où l’on discutait les opinions de l’homme au lieu des vers du poëte. Un de ces journaux, dont nous respectons, du reste, l’impartialité et les doctrines (littéraires), a été jusqu’à dire que les poésies de M. de Lamartine étaient l’hymne du découragement et du scepticisme. L’office du poëte n’est point sans doute de prêcher des dogmes en vers ! mais nous en appelons à la conscience de tous les lecteurs pour réfuter une assertion de cette nature… Si les Méditations poétiques ont eu un si honorable succès, elles l’ont dû surtout à ce sentiment religieux qui respire dans toutes leurs pages. Tout le monde l’a