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AVERTISSEMENT.

hauteurs d’Albano, sur la route de Naples, et, disant adieu au lecteur, lui souhaite un bonheur qu’il n’a pas trouvé lui-même.

Ce poëme, dont rien dans les littératures classiques ne peut nous donner une idée, était l’œuvre de prédilection de lord Byron. Voici en quels termes il en parle dans une dédicace à M. Hobhouse, son ami et son compagnon de voyage :

« Je passe ici de la fiction à la vérité : ce poëme est le plus long et le plus fortement pensé de mes ouvrages. Nous avons parcouru ensemble, à diverses époques, les contrées que la chevalerie, l’histoire ou la fable ont rendues célèbres : l’Espagne, la Grèce, l’Asie Mineure, et l’Italie. Ce qu’Athènes et Constantinople étaient pour nous il y a quelques années, Venise et Rome l’ont été plus récemment : mon poëme aussi, ou mon pèlerin, ou l’un et l’autre, si l’on veut, m’ont accompagné partout. Peut-être trouvera-t-on excusable la vanité qui me fait revenir avec tant de complaisance à mes vers. Pourrais-je ne pas tenir à un poëme qui me lie en quelque sorte aux lieux qui me l’ont inspiré et aux objets que j’ai essayé de décrire ? La composition de Child-Harold a été pour moi une source de jouissances. Je ne m’en sépare qu’avec une sorte de regret, dont, grâce à ce que j’ai éprouvé, j’étais loin de me croire susceptible pour des objets imaginaires, etc., etc. »

Le lecteur partagera sans doute cette légitime prédilection du poëte. C’est dans Child-Harold qu’on peut trouver lord Byron tout entier ; car il y a répandu avec profusion, avec amour, comme disent les Italiens, les inépuisables richesses de sa palette ; soit qu’il peigne la nature morte, que son génie vivifie toujours ; soit qu’il s’élève aux plus