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AVERTISSEMENT.

comme il aurait fait pour dormir, tant il est sûr que les dieux sont là, avant, après, partout, et qu’il va se réveiller dans leur sein !

Le poëte n’a pas interrompu son chant par les détails assez connus du jugement, et par les longues dissertations de Socrate et de ses amis ; il n’a chanté que les dernières heures et les dernières paroles du philosophe, ou du moins les paroles qu’il lui suppose. Nous l’imiterons ; nous nous contenterons de rappeler l’avant-scène aux lecteurs.

Socrate, condamné à mourir pour ses opinions religieuses, attendait la mort depuis plusieurs jours ; mais il ne devait boire la ciguë qu’au moment où le vaisseau envoyé tous les ans à Délos, en l’honneur de Thésée, serait de retour dans le port d’Athènes. C’est ce vaisseau que l’on nommait Théorie, et qu’on apercevait dans le lointain au moment où le poëme commence.

Le Serviteur des Onze était un esclave de ce tribunal destiné au service des prisonniers en attendant l’exécution des sentences. Ce fragment est imprimé comme il a été écrit par l’auteur, dans une forme inusitée, par couplets d’inégale longueur ; après chaque couplet, nous avons placé un trait qui indique la suspension du sens, et l’auteur passe souvent, sans autre transition, d’une pensée à une autre.

Nous nous servirons pour les notes, toutes tirées de Platon, de l’admirable traduction de Platon par M. Cousin. Ce jeune philosophe, digne d’expliquer un pareil maître, pour faire rougir notre siècle de ses honteux et dégradants sophismes, après l’avoir rappelé lui-même aux plus nobles théories du spiritualisme, a eu l’heureuse pensée de lui révéler la sagesse antique dans toute sa grâce et toute sa