Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/531

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Triomphe, immortelle Nature,
À qui la main pleine de jours
Prête des forces sans mesure,
Des temps qui renaissent toujours !
La mort retrempe ta puissance :
Donne, ravis, rends l’existence
À tout ce qui la puise en toi !
Insecte éclos de ton sourire,
Je nais, je regarde et j’expire :
Marche, et ne pense plus à moi !

Vieil Océan, dans tes rivages
Flotte comme un ciel écumant,
Plus orageux que les nuages,
Plus lumineux qu’un firmament !
Pendant que les empires naissent,
Grandissent, tombent, disparaissent
Avec leurs générations,
Dresse tes bouillonnantes crêtes,
Bats ta rive, et dis aux tempêtes :
« Où sont les nids des nations ? »

Toi qui n’es pas lasse d’éclore
Depuis la naissance des jours,
Lève-toi, rayonnante aurore ;
Couche-toi, lève-toi toujours !
Réfléchissez ses feux sublimes,
Neige éclatante de ces cimes,
Où le jour descend comme un roi !
Brillez, brillez pour me confondre !
Vous qu’un rayon du jour peut fondre,
Vous subsisterez plus que moi.