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Que chaque instant, chaque minute
Te prie et te loue avec moi !
Que le sablier dans sa chute
Entraîne ma pensée à toi !
Qu’un soupir, à chaque seconde,
De mon cœur s’élève et réponde ;
Que chaque aurore en remontant,
Chaque nuit en pliant son aile,
Te dise : « Toute heure est fidèle ;
Compte ta gloire en les comptant ! »

Mais si des jours que tu fais naître
Chaque instant me reporte à toi,
Toi, dont la pensée est mon être,
Souviens-toi sans cesse de moi !
Donne-moi ce que le pilote
Sur l’abîme où sa barque flotte
Te demande pour aujourd’hui :
Un flot calme, un vent dans sa voile,
Toujours sur sa tête une étoile,
Une espérance devant lui !

Presse à ton gré, ralentis l’ombre
Qui mesure nos courts instants !
Ajoute ou retranche le nombre
Que ton doigt impose à nos ans !
Ne l’augmente pas d’une aurore !
Le grain sait quand il doit éclore,
L’épi sait quand il faut mûrir :
Un jour le flétrirait peut-être.
Seul tu savais l’heure de naître,
Seul tu sais l’heure de mourir :