À tes pieds s’endort sous la feuille,
À l’ombre de tes vastes flancs,
La vallée où le lac recueille
L’onde des glaciers ruisselants.
Tu t’enveloppes de mystère,
Tu te tiens dans un demi-jour,
Comme un appas nu de la terre
Que couvre ton jaloux amour.
Ah ! c’est là l’image sublime
De tout ce que Dieu fit grandir :
Le génie à l’auguste cime
S’isole aussi pour resplendir.
Le bruit, le vent, le feu, la glace,
Le frappent éternellement,
Et sur son front gravent la trace
D’un froid et morne isolement.
Mais souvent, caché dans la nue,
Il enferme dans ses déserts,
Comme une vallée inconnue,
Un cœur qui lui vaut l’univers.
Ce sommet où la foudre gronde,
Où le jour se couche si tard,
Ne veut resplendir sur le monde
Que pour briller dans un regard !
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