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De cet accord, charme des charmes,
Dans le sourire ou dans les larmes
Naissent la grâce et la beauté ;
La beauté, mystère suprême
Qui ne se révèle lui-même
Que par désir et volupté !

Sur ses traits, dont le doux ovale
Borne l’ensemble gracieux,
Les couleurs que la nue étale
Se fondent pour charmer les yeux ;
À la pourpre qui teint sa joue,
On dirait que l’aube s’y joue,
Ou qu’elle a fixé pour toujours,
Au moment qui la voit éclore,
Un rayon glissant de l’aurore
Sur un marbre aux divins contours.

Sa chevelure, qui s’épanche
Au gré du vent, prend son essor,
Glisse en ondes jusqu’à sa hanche,
Et là s’effile en franges d’or ;
Autour du cou blanc qu’elle embrasse,
Comme un collier elle s’enlace,
Descend, serpente, et vient rouler
Sur un sein où s’enflent à peine
Deux sources, d’où la vie humaine
En ruisseaux d’amour doit couler !

Noble et légère, elle folâtre ;
Et l’herbe que foulent ses pas
Sous le poids de son pied d’albâtre
Se courbe et ne se brise pas.