Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous me parlez des dieux ! des dieux, des dieux encore
Chaque autel en porte un, qu’un saint délire adore,
Holocauste éternel que tout lieu semble offrir.
L’homme et les éléments, pleins de ce seul mystère,
N’ont eu qu’une pensée, une œuvre sur la terre :

Confesser cet être et mourir !






Mais si l’homme, occupé de cette œuvre suprême,
Épuise toute langue à nommer le seul Grand,
Ah ! combien la nature, en son silence même,
Le nomme mieux encore au cœur qui le comprend !
Voulez-vous, ô mortels, que ce Dieu se proclame ?
Foulez aux pieds la cendre où dort le Panthéon,
Et le livre où l’orgueil épèle en vain son nom !
De l’astre du matin le plus pâle rayon
Sur ce divin mystère éclaire plus votre âme,
Que la lampe au jour faux qui veille avec Platon.

Montez sur ces hauteurs d’où les fleuves descendent,
Et dont les mers d’azur baignent les pieds dorés,
À l’heure où les rayons sur leurs pentes s’étendent,
Comme un filet trempé ruisselant sur les prés.
Quand tout autour de nous sera splendeur et joie,
Quand les tièdes réseaux des heures de midi,
En vous enveloppant comme un manteau de soie,
Feront épanouir votre sang attiédi ;

Quand la terre, exhalant son âme balsamique,
De son parfum vital enivrera vos sens,