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Elles s’en souviennent encore,
Maintenant que des nations
Ce peuple exilé de l’Aurore
Supporte les dérisions !
En vain, lassé de le proscrire,
L’étranger d’un amer sourire
Poursuit ses crédules enfants :
Comme l’eau buvant cette offense,
Ce peuple traîne une espérance
Plus forte que ses deux mille ans !

Le sauvage enfant des savanes,
Informe ébauche des humains,
Avant d’élever ses cabanes,
Se façonne un dieu de ses mains.
Si, chassé des rives du fleuve
Où l’ours, où le tigre s’abreuve,
Il émigre sous d’autres cieux,
Chargé de ses dieux tutélaires,
« Marchons, dit-il, os de nos pères !
La patrie est où sont les dieux ! »


Et de quoi parlez-vous, marbres, bronzes, portiques,
Colonnes de Palmyre ou de Persépolis,
Panthéons sous la cendre ou l’onde ensevelis,
Si vides maintenant, autrefois si remplis ?
Et vous, dont nous cherchons les lettres symboliques,
D’un passé sans mémoire incertaines reliques,
Mystères d’un vieux monde en mystères écrits ?
Et vous, temples debout, superbes basiliques,
Dont un souffle divin anime les parvis ?