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Comme le grès, noirci des débris qu’il enlève,
En déchirant le fer fait un tranchant au glaive.
Qui ne te connut point ne sait rien d’ici-bas ;
Il foule mollement la terre, il n’y vit pas ;
Comme sur un nuage il flotte sur la vie ;
Rien n’y marque pour lui la route en vain suivie ;
La sueur de son front n’y mouille pas sa main,
Son pied n’y heurte pas les cailloux du chemin ;
Il n’y sait pas, à l’heure où faiblissent ses armes,
Retremper ses vertus aux flots brûlants des larmes,
Il n’y sait point combattre avec son propre cœur
Ce combat douloureux dont gémit le vainqueur,
Élever vers le ciel un cri qui le supplie,
S’affermir par l’effort sur son genou qui plie,
Et dans ses désespoirs, dont Dieu seul est témoin,
S’appuyer sur l’obstacle et s’élancer plus loin !





Pour moi, je ne sais pas à quoi tu me prépares,
Mais tes mains de leçons ne me sont point avares ;
Tu me traites sans doute en favori des cieux,
Car tu n’épargnes pas les larmes à mes yeux.
Eh bien ! je les reçois comme tu les envoies :
Tes maux seront mes biens, et tes soupirs mes joies.
Je sens qu’il est en toi, sans avoir combattu,
Une vertu divine au lieu de ma vertu ;
Que tu n’es pas la mort de l’âme, mais sa vie ;
Que ton bras, en frappant, guérit et vivifie,
Toi donc que ma souffrance a souvent accusé,
Toi, devant qui ce cœur s’est tant de fois brisé,