Et la feuille aux feuilles s’entasse,
Et, fidèle au doigt qui t’a dit :
« Coule ici pour l’oiseau qui passe ! »
Ton flot murmurant l’avertit.
Et moi, tu m’attends pour me dire :
« Vois ici la main de ton Dieu !
Ce prodige que l’ange admire,
De sa sagesse n’est qu’un jeu. »
Ton recueillement, ton murmure,
Semblent lui préparer mon cœur :
L’amour sacré de la nature
Est le premier hymne à l’auteur.
À chaque plainte de ton onde,
Je sens retentir avec toi
Je ne sais quelle voix profonde
Qui l’annonce et le chante en moi.
Mon cœur grossi par mes pensées,
Comme tes flots dans ton bassin,
Sent, sur mes lèvres oppressées,
L’amour déborder de mon sein.
La prière brûlant d’éclore
S’échappe en rapides accents,
Et je lui dis : « Toi que j’adore,
Reçois ces larmes pour encens ! »
Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/409
Cette page a été validée par deux contributeurs.
408
HARMONIES POÉTIQUES