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Le navire fendant l’éther silencieux,
Le bouvier dont le char se traîne dans les cieux,
La lyre aux cordes d’or, le cygne aux blanches ailes,
Le coursier qui du ciel tire des étincelles,
La balance inclinant son bassin incertain,
Les blonds cheveux livrés au souffle du matin,
Le bélier, le taureau, l’aigle, le sagittaire,
Tout ce que les pasteurs contemplaient sur la terre,
Tout ce que les héros voulaient éterniser,
Tout ce que les amants ont pu diviniser,
Transporté dans le ciel par de touchants emblèmes,
N’a pu donner des noms à ces brillants systèmes.

Les cieux pour les mortels sont un livre entr’ouvert,
Ligne à ligne à leurs yeux par la nature offert ;
Chaque siècle avec peine en déchiffre une page,
Et dit : « Ici finit ce magnifique ouvrage ! »
Mais sans cesse le doigt du céleste écrivain
Tourne un feuillet de plus de ce livre divin,
Et l’œil voit, ébloui par ces brillants mystères,
Étinceler sans fin de plus beaux caractères.
Que dis-je ? À chaque veille, un sage audacieux
Dans l’espace sans bords s’ouvre de nouveaux cieux :
Depuis que le cristal qui rapproche les mondes
Perce du vaste éther les distances profondes,
Et porte le regard dans l’infini perdu
Jusqu’où l’œil du calcul recule confondu,
Les cieux se sont ouverts comme une voûte sombre
Qui laisse en se brisant évanouir son ombre ;
Ses feux, multipliés plus que l’atome errant
Qu’éclaire du soleil un rayon transparent,
Séparés ou groupés, par couches, par étages,
En vagues, en écume ont inondé ses plages,