» Si la voix du torrent, qui gémit dans l’abîme
Et se brise en sanglots de rocher en rocher,
À votre lèvre encore arrache un cri sublime,
Et force malgré vous vos pas à s’approcher ;
» Couché sous ces sapins aux feuilles dentelées,
Si votre oreille écoute avec ravissement
Glisser dans les rameaux ces brises modulées
Comme les sons plaintifs d’un céleste instrument ;
» Si ce germe arraché d’une plante divine,
L’espérance, en vos cœurs malgré vous refleurit
Et croît dans le désert, pareille à la racine
Que sans terre et sans eau le rocher seul nourrit ;
» Si la prière enfin de ses pleurs vous inonde,
Et devant l’Infini fait fléchir vos genoux,
Ah ! venez ! C’est trop peu pour vivre avec ce monde ;
Mais c’est assez pour vivre avec le ciel et vous ! »