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Il est une langue inconnue
Que parlent les vents dans les airs,
La foudre et l’éclair dans la nue,
La vague aux bords grondants des mers,
L’étoile de ses feux voilée,
L’astre endormi sur la vallée,
Le chant lointain des matelots,
L’horizon fuyant dans l’espace,
Et ce firmament que retrace
Le cristal ondulant des flots ;

Les mers d’où s’élance l’aurore,
Les montagnes où meurt le jour,
La neige que le matin dore,
Le soir qui s’éteint sur la tour,
Le bruit qui tombe et recommence,
Le cygne qui nage ou s’élance,
Le frémissement des cyprès,
Les vieux temples sur les collines,
Les souvenirs dans les ruines,
Le silence au fond des forêts,

Les grandes ombres que déroulent
Les sommets que l’astre a quittés,
Les bruits majestueux qui roulent
Du sein orageux des cités,
Les reflets tremblants des étoiles,
Les soupirs du vent dans les voiles,
La foudre et son sublime effroi,
La nuit, les déserts, les orages ;
Et, dans tous ces accents sauvages,
Cette langue parle de toi,