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Là tremblent dans l’azur les muettes étoiles ;
Là dort le mât penché dépouillé de ses voiles ;

Là quelques pauvres matelots,

Sur le pont d’un esquif qu’a fatigué la lame,
De leurs foyers flottants ont rallumé la flamme,

Et vont se reposer des flots.


De colline en colline et d’étage en étage,
Les monts, dont ce miroir fait onduler l’image,

Descendent jusqu’au lit des mers ;

Et leurs flancs, hérissés d’une sombre verdure,
Par le contraste heureux de leur noire ceinture,

Y font briller des flots plus clairs.


Le chêne aux bras tendus penche son tronc sur l’onde ;
Le tortueux figuier dans la mer qui l’inonde

Baigne, en pliant, ses lourds rameaux ;

Et la vigne, y jetant ses guirlandes trempées,
Laisse pendre et flotter ses feuilles découpées,

Où tremblent les reflets des eaux.


La lune, qui se penche au bord de la vallée,
Distille un jour égal, une aurore voilée,

Sur ce golfe silencieux ;

La mer n’a plus de flots, les bois plus de murmure ;
Et la brise incertaine y flotte à l’aventure,

Ivre des parfums de ces lieux !


Sur ce site enchanté, mon âme qu’il attire
S’abat comme le cygne, et s’apaise et soupire