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ET RELIGIEUSES.


Quand l’homme faible, et qui redoute
La contagion du malheur,
Nous laisse seul sur notre route,
Face à face avec la douleur ;

Quand l’avenir n’a plus de charmes
Qui fassent désirer demain,
Et que l’amertume des larmes
Est le seul goût de notre pain ;

C’est alors que ta voix s’élève
Dans le silence de mon cœur,
Et que ta main, mon Dieu, soulève
Le poids glacé de ma douleur.

On sent que ta tendre parole
À d’autres ne peut se mêler,
Seigneur ! et qu’elle ne console
Que ceux qu’on n’a pu consoler.

Ton bras céleste nous attire
Comme un ami contre son cœur ;
Le monde, qui nous voit sourire,
Se dit : « D’où leur vient ce bonheur ? »

Et l’âme se fond en prière
Et s’entretient avec les cieux,
Et les larmes de la paupière
Sèchent d’elles-même à nos yeux,