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Seigneur, j’aimais jadis à répandre mon âme
Sur les cimes des monts, dans la nuit des déserts,
Sur l’écueil où mugit la voix des vastes mers,
En présence du ciel, et des globes de flamme
Dont les feux pâlissants semaient les champs des airs !

Il me semblait, mon Dieu, que mon âme, oppressée
Devant l’immensité, s’agrandissait en moi,
Et sur les vents, les flots ou les feux élancée,

De pensée en pensée,
Allait se perdre en toi !


Je cherchais à monter, mais tu daignais descendre.

Ah ! ton ouvrage a-t-il besoin

De s’élever si haut, de te chercher si loin !

Où n’es-tu pas pour nous entendre ?

De ton temple aujourd’hui j’aime l’obscurité ;
C’est une île de paix sur l’océan du monde,

Un phare d’immortalité

Par la mort et par toi seulement habité :
On entend de plus loin le flot du temps qui gronde

Sur ce seuil de l’éternité.


Il semble que la voix dans les airs égarée,
Par cet espace étroit dans ces murs concentrée,

À notre âme retentit mieux,

Et que les saints échos de la voûte sonore
Te portent plus brûlant, avant qu’il s’évapore,
Le soupir qui te cherche en montant vers les cieux !