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Mais sitôt que le bloc de pierre
Sorti des flancs de la carrière,
Seigneur, pour ton temple est sculpté,
Il est à toi ! Ton ombre imprime
À nos œuvres le sceau sublime
De ta propre immortalité !

Le bruit de la foudre qui gronde
Et s’éloigne en baissant la voix,
Le sifflement des vents sur l’onde,
Les sourds gémissements des bois,
La bouche qui vomit la bombe,
Le bruit du fleuve entier qui tombe
Dans un abîme avec ses eaux,
Sont moins majestueux encore
Qu’un peuple qui chante et t’adore
Sous tes mélodieux arceaux !

Quand l’hymne enflammé, qui s’élance
De mille bouches à la fois,
De ton majestueux silence
Jaillit comme une seule voix ;
Plus fort que le char des tempêtes,
Quand le chant divin des prophètes
Roule avec les flots de l’encens,
N’entends-tu pas les vieux portiques,
Les tombeaux, les siècles antiques,
Mêler une âme à nos accents ?