» Ainsi qu’un astre éteint sur un horizon vide,
La foi, de nos aïeux la lumière et le guide,
De ce monde attiédi retire ses rayons ;
L’obscurité, le doute, ont brisé sa boussole,
Et laissent diverger, au vent de la parole,
L’encens des nations.
» Et tu dors ? et les mains qui portent ta justice,
Les chefs des nations, les rois du sacrifice,
N’ont pas saisi le glaive et purgé le saint lieu ?
Levons-nous, et lançons les derniers anathèmes ;
Prenons les droits du ciel, et chargeons-nous nous-mêmes
Des justices de Dieu.
Arrêtez, insensés, et rentrez dans votre âme !
Ce zèle dévorant dont mon nom vous enflamme
Vient-il, dit le Seigneur, ou de vous ou de moi ?
Répondez. Est-ce moi que la vengeance honore ?
Ou n’est-ce pas plutôt l’homme que l’homme abhorre,
Sous cette ombre de foi ? »
Et qui vous a chargés du soin de sa vengeance ?
A-t-il besoin de vous pour prendre sa défense ?
La foudre, l’ouragan, la mort, sont-ils à nous ?
Ne peut-il dans sa main prendre et juger la terre,
Ou sous son pied jaloux la briser comme un verre
Avec l’impie et vous ?
Quoi ! nous a-t-il promis un éternel empire,
Nous, disciples d’un Dieu qui sur la croix expire,
Nous à qui notre Christ n’a légué que son nom,
Son nom et le mépris, son nom et les injures,
L’indigence et l’exil, la mort et les tortures,
Et surtout le pardon ?