Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Une nuit découvrant dans son immensité
L’infini qui rayonne et l’espace habité,
Un matin qui s’éveille étincelant de joie,
Ce poids léger du temps que le travail emploie,
Ce doux repos du cœur qui suit un saint soupir,
Ces troubles que d’un mot ton nom vient assoupir,
Mon Dieu, donnent à l’âme ignorante et docile
Plus de foi dans un jour qu’il n’est besoin pour mille ;
Plus de miel qu’il n’en tient dans la coupe du sort,
Plus d’espoir qu’il n’en faut pour embellir la mort.

Conserve-nous, mon Dieu, ces jours de ta promesse,
Ces labeurs, ces doux soins, cette innocente ivresse
D’un cœur qui flotte en paix sur les vagues du temps
Comme l’aigle endormi sur l’aile des autans,
Comme un navire en mer qui ne voit qu’une étoile,
Mais où le nautonier chante en paix sous sa voile !
Conserve-nous ces cœurs et ces heures de miel,
Et nous croirons en toi comme l’oiseau du ciel,
Sans emprunter aux mots leur stérile évidence,
En sentant le printemps croit à ta providence ;
Comme le soir doré d’un jour pur et serein
S’endort dans l’espérance, et croit au lendemain ;
Comme un juste mourant, et fier de son supplice,
Espère dans la mort, et croit à ta justice ;
Comme la vertu croit à l’immortalité,
Comme l’œil croit au jour, l’âme à la vérité.