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HARMONIES POÉTIQUES ET RELIGIEUSES.

nait toujours une de ces lampes votives que les Italiennes allument jusque dans les maisons. Surpris un soir par la nuit en cherchant ma route, j’aperçus une de ces lueurs : je crus que c’était un foyer où je trouverais un asile ou un guide ; ce n’était qu’une de ces chapelles désertes. J’y entrai pour attendre la lune, qui ne devait pas tarder à se lever. Le feu a la vie et la parole comme l’eau, comme tous les éléments doués de mouvement ; voilà pourquoi les paysans disent que le feu tient compagnie. Il tient compagnie non-seulement à l’homme, mais à Dieu qui l’a créé : c’est pour cela sans doute qu’il fait partie de tous les cultes. Pendant que cette petite clarté vacillait au vent sur son huile d’or, dans son vase suspendu de cristal, je composai deux ou trois de ces strophes, et je bénis du cœur la main qui l’avait allumée.

La lune se leva, je repris mon sentier où j’achevai ces strophes à la clarté de la mer, en traversant la plaine qui s’étend entre les montagnes de Limone et la villa Palmieri.