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LA MORT


» Tantôt, pour s’envoler où l’appelle un désir,
Elle aime à parfumer les ailes d’un zéphyr,
D’un rayon de l’iris en glissant les colore ;
Et du ciel aux enfers, du couchant à l’aurore,
Comme une abeille errante, elle court en tout lieu
Découvrir et baiser les ouvrages de Dieu.
Tantôt au char brillant que l’aurore lui prête
Elle attelle un coursier qu’anime la tempête ;
Et, dans ces beaux déserts de feux errants semés,
Cherchant ces grands esprits qu’elle a jadis aimés,
De soleil en soleil, de système en système,
Elle vole et se perd avec l’âme qu’elle aime,
De l’espace infini suit les vastes détours,
Et dans le sein de Dieu se retrouve toujours !





» L’âme, pour soutenir sa céleste nature,
N’emprunte pas des corps sa chaste nourriture ;
Ni le nectar coulant de la coupe d’Hébé,
Ni le parfum des fleurs par le vent dérobé,
Ni la libation en son honneur versée,
Ne sauraient nourrir l’âme : elle vit de pensée,
De désirs satisfaits, d’amour, de sentiments,
De son être immortel immortels aliments.
Grâce à ces fruits divins que le ciel multiplie,
Elle soutient, prolonge, éternise sa vie,
Et peut, par la vertu de l’éternel amour,
Multiplier son être, et créer à son tour.