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HARMONIES POÉTIQUES

L’air frémit, l’épi frissonne,
L’insecte au soleil bourdonne ;
L’airain pieux qui résonne
Rappelle au Dieu qui le donne
Ce premier soupir du jour :
Tout vit, tout luit, tout remue ;
C’est l’aurore dans la nue,
C’est la terre qui salue
L’astre de vie et d’amour !


Mais tandis, ô mon Dieu, qu’aux yeux de ton aurore
Un nouvel univers chaque jour semble éclore,
Et qu’un soleil flottant dans l’abîme lointain
Fait remonter vers toi les parfums du matin,
D’autres soleils cachés par la nuit des distances,
Qu’à chaque instant là-haut tu produis et tu lances,
Vont porter dans l’espace, à leurs planètes d’or,
Des matins plus brillants et plus sereins encor.
Oui, l’heure où l’on t’adore est ton heure éternelle ;
Oui, chaque point des cieux pour toi la renouvelle ;
Et ces astres sans nombre épars au sein des nuits
N’ont été par ton souffle allumés et conduits
Qu’afin d’aller, Seigneur, autour de tes demeures,
L’un l’autre se porter la plus belle des heures,
Et te faire bénir par l’aurore des jours,
Ici, là-haut, sans cesse, à jamais et toujours.


Oui, sans cesse un monde se noie
Dans les feux d’un nouveau soleil ;
Les cieux sont toujours dans la joie,
Toujours un astre a son réveil ;