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COMMENTAIRE


DE LA DEUXIÈME HARMONIE




Cette Harmonie fut inspirée et écrite pendant une nuit d’été de 1824. J’avais loué auprès de Livourne une villa magnifique, la villa Palmieri, sur la route de Montenero. J’avais à gauche les cimes boisées des montagnes de Limone, j’avais à droite la mer ; le cap de Montenero s’élevait en face. Au sommet de ce cap, adossée au rocher et aux chênes verts, s’élève une église placée comme un temple grec en vue des flots ; c’est un pèlerinage pour les naufragés sauvés des vagues par les vœux à l’Étoile des mers. J’aimais ce site, j’y montais souvent. Je trouvais sur la route une autre villa, splendide autrefois, maintenant déserte, que lord Byron avait habitée un ou deux étés, quelque temps avant mon séjour à Livourne. J’arrêtais toujours mon cheval devant la porte de son jardin, pour y chercher la figure absente du grand poëte qui avait consacré cette solitude. Un peu plus haut, je quittais la route, je renvoyais mes chevaux à la locanda de Montenero, et je m’enfonçais seul dans les bois d’où l’on voit la mer. J’y passais des journées entières avec un livre ou avec mes pensées. J’écrivais sur les marges du livre les poésies que m’envoyaient le ciel