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HARMONIES POÉTIQUES ET RELIGIEUSES.

la pensée d’écrire au hasard, dans mes heures de loisir et d’inspiration, quelques cantiques modernes, comme ceux que David avait écrits avec ses larmes. Les poésies pieuses manquent à l’humanité moderne : j’espérais en jeter quelques notes au vent. Mais mon heure n’était pas venue ; je le sentis bientôt. Je me contentai de balbutier ces harmonies, espèce de retentissements poétiques, quelquefois pieux, des impressions que l’heure, le jour, le site, l’anniversaire, la mémoire me donnaient, et que le souffle perpétuellement religieux de mon âme renvoyait à Dieu. J’en écrivis une, puis deux, puis trois, puis deux volumes, avant de songer à les publier. C’étaient comme les annotations en vers de ma vie intérieure. La pensée que cela n’était pas destiné aux regards du public, ou du moins que cela ne serait lu qu’après moi, donnait plus de liberté, plus de sécurité, et, pour ainsi dire, plus d’onction à ces vers. C’était entre Dieu et moi.

Cette première Harmonie, dans laquelle j’essayais le ton et je tâtais la corde, fut écrite à Florence, dans l’église de Santa-Croce, où j’allais souvent me recueillir entre les tombeaux des grands poëtes toscans.