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bien remettre, dans l’autre monde, à ceux des leurs qu’elles y ont.

» L’effusion des myriologues dure jusqu’au moment où les prêtres viennent chercher le corps pour le conduire à la sépulture, et se prolonge jusqu’à l’arrivée du convoi funèbre à l’église. Ils cessent durant les prières et les psalmodies des prêtres, pour recommencer au moment où le corps va être mis en terre.

» Quand quelqu’un est mort à l’étranger, on place sur le lit funèbre un simulacre de sa personne, et l’on adresse à cette image les mêmes lamentations que l’on adresserait au vrai cadavre. Les mères font aussi des myriologues sur les enfants en bas âge qu’elles perdent, et ils sont souvent du pathétique le plus gracieux. Le petit mort y est regretté sous l’emblème d’une plante délicate, d’une fleur, d’un oiseau, ou de tout autre objet naturel assez charmant pour que l’imagination d’une mère se complaise à y comparer son enfant.

» Les myriologues sont toujours chantés et composés par des femmes. Les adieux des hommes sont simples et laconiques. Je n’ai jamais entendu parler d’un myriologue prononcé par un homme. Dans la Grèce asiatique, il y a des femmes myriologistes de profession, que l’on appelle au besoin, moyennant un salaire, pour faire et chanter les myriologues, ou, pour mieux dire, ce qui en tient lieu. »

(Chants populaires de la Grèce moderne.)