font partie, et auxquelles il faut toujours les concevoir attachés.
» Un malade vient-il de rendre le dernier soupir ? sa femme, ses filles, ses sœurs, celles, en un mot, de ses plus proches parentes qui sont là, lui ferment les yeux et la bouche, et épanchent librement, chacune selon son naturel et sa mesure de tendresse pour le défunt, la douleur qu’elle ressent de sa perte. Ce premier devoir rempli, elles se retirent toutes chez une de leurs parentes ou de leurs amies les plus voisines. Là, elles changent de vêtements, s’habillent de blanc comme pour la cérémonie nuptiale, avec cette différence qu’elles gardent la tête nue, les cheveux épars et pendants. Tandis qu’elles changent ainsi de parure, d’autres femmes s’occupent du mort. Elles l’habillent, de la tête aux pieds, des meilleurs vêtements qu’il portait avant que d’être malade ; et, dans cet état, elles l’étendent sur un lit très-bas, le visage découvert, tourné vers l’orient, et les bras en croix sur sa poitrine.
» Ces apprêts terminés, les parentes reviennent, dans leur parure de deuil, à la maison du défunt, en laissant les portes ouvertes, de manière que toutes les autres femmes du lieu, amies, voisines ou inconnues, puissent entrer à leur suite. Toutes se rangent en cercle autour du mort, et leur douleur s’exhale de nouveau, et comme la première fois, sans règle et sans contrainte, en larmes, en cris ou en paroles. À ces plaintes spontanées et simultanées succèdent bientôt des lamentations d’une autre espèce : ce sont les myriologues. Ordinairement c’est la plus proche parente qui prononce le sien la première. Après elle les autres parentes, les amies, les simples voisines ; toutes celles, en un mot, des femmes présentes qui veulent payer au défunt ce dernier tribut d’affection, s’en acquittent l’une après l’autre, et quelquefois plusieurs ensemble. Il n’est pas rare que, dans le cercle des assistantes, il se rencontre des femmes étrangères à la famille, qui, ayant récemment perdu quelqu’un de leurs proches, en ont l’âme pleine, et ont encore quelque chose à leur dire ; elles voient dans le mort présent un messager qui peut porter au mort qu’elles pleurent un nouveau témoignage de leurs souvenirs et de leurs regrets, et adressent au premier un myriologue dû et destiné au second. D’autres se contentent de jeter au défunt des bouquets de fleurs ou divers menus objets, qu’elles le prient de vouloir