Et son cœur, un moment par le bonheur trompé,
Oublie à son aspect le coup qui l’a frappé !…
À peine dix saisons, brillant sur son visage,
De printemps en printemps ont amené son âge
À ce terme incertain de la vie, où le cœur,
Comme un fruit sur sa tige où tient encor la fleur,
Au jour de la raison par degrés semble éclore,
Et par son ignorance au berceau touche encore.
Âge pur, âge heureux des anges dans le ciel,
Qui formes pour leur âme un printemps éternel,
Tu ne brilles qu’un jour pour les fils de la terre,
Alors que l’Amour même, avec un œil de frère,
Peut fixer sans rougir son regard enchanté
Sur le front virginal de la jeune beauté,
Et demander sans crainte, aux lèvres de l’enfance,
Un sourire, un baiser, purs comme l’innocence !
Ses blonds cheveux, livrés aux vents capricieux,
Couvrent à chaque instant son visage et ses yeux ;
Mais sa main enfantine à chaque instant les chasse,
Et, sur son col charmant les ramène avec grâce,
Sur lui de ses beaux yeux laisse planer l’azur.
Tels deux astres jumeaux veillent dans un ciel pur.
Minuit couvre les murs du sombre monastère :
Adda repose en paix dans sa tour solitaire.