Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tandis qu’autour de lui par la foudre emportés,
Des membres palpitants pleuvent de tous côtés ?
Au sifflement du plomb, au fracas de la bombe
Qui creuse un sol fumant, rebondit et retombe,
Il s’arrête… il écoute… il semble avec transport
Exposer comme un but sa poitrine à la mort,
Et, l’œil en feu, semblable à l’ange de la guerre,
Jouer avec le glaive et braver le tonnerre.


XXXIII


Oui, le dieu des mortels est le dieu des combats !
Le carnage est divin, la mort a des appas !
Et Celui qui, des mers élevant les nuages,
Déchaîna l’aquilon pour rouler les orages,
Et fit sortir du choc de la foudre en fureur
Ces bruits majestueux qui charment la terreur,
Par un secret dessein de sa vaste sagesse
A caché pour le brave une sanglante ivresse,
Un goût voluptueux, un attrait renaissant,
Dans ce jeu redoutable où le prix est du sang,
Où le sort tient les dés, où la mort incertaine
Plane comme un vautour sur une proie humaine,
Et, de la gloire enfin découvrant le flambeau,
Proclame… Quoi ?… Le nom de ce vaste tombeau !