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Harold s’est arrêté sur ton roc, qui domine
Les remparts de Cécrops, les flots de Salamine,
Et d’où le ciel sans borne ouvre de tout côté
L’horizon de la gloire et de la liberté !


XXX


Le soleil, se plongeant sous les monts de l’Attique,
Prolonge sur Phylé l’ombre du Penthélique.
Appuyé sur le tronc de l’arbre de Daphné,
De chefs et de soldats Harold environné,
Comme un fils revenu des rives étrangères
Qui partage au retour ses présents à ses frères,
Leur montre de la main, sur la poussière épars,
Ces faisceaux éclatants de lances, de poignards,
Ces monceaux de boulets qui sillonnent la terre,
Ces chars retentissants qui roulent le tonnerre,
L’or qui paye le sang, le fer qui ravit l’or.
Les chefs à leurs soldats partagent ce trésor :
Le féroce Albanais, l’Épirote au front chauve,
L’Étolien couvert d’une saie au poil fauve,
Les dauphins de Parga, ces hardis matelots
Qui jamais de leur sang ne teignent que les flots,
Le laboureur armé des vallons de Phocide,
Le nomade pasteur des fiers coursiers d’Élide,
Aux sons de la trompette, aux accents du tambour,
Sous leurs drapeaux bénis défilent tour à tour,
Déroulent les faisceaux, et, parés de leurs armes,
Leur promettent du sang en les baignant de larmes.