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Celle que son destin ramène sur le bord,
Comme un anneau brisé d’une chaîne de mort,
S’en détache, et d’un saut s’élance dans l’abîme
Le bruit sourd de son corps roulant de cime en cime,
Du gouffre insatiable ébranlant les échos,
Accompagnait le chœur qui chantait en ces mots :
Contraste déchirant, air gracieux et tendre
Qu’en des jours plus heureux nos voix faisaient entendre,
Et dont le doux refrain et l’amoureux accord
Doublaient en cet instant les horreurs de la mort !


XXVII


Semez, semez de narcisse et de rose,
Semez la couche où la beauté repose !

Pourquoi pleurer ? C’est ton jour le plus beau !
Vierge aux yeux noirs, pourquoi pencher ta tête
Comme un beau lis courbé par la tempête,
Que son doux poids fait incliner sur l’eau ?

Semez, semez de narcisse et de rose,
Semez la couche où la beauté repose !

C’est ton amant ! Il vient ; j’entends ses pas.
Que cet anneau soit le sceau de sa flamme !
Si ton amour est entré dans son âme,
Sans la briser il n’en sortira pas.

Semez, semez de narcisse et de rose,
Semez la couche où la beauté repose !

Entre tes mains prends ce sacré flambeau ;
Vois comme il jette une flamme embaumée !