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aux princesses que le roi était parti ; les plateaux de chêne interposés entre le regard et le pied de la tour empêchaient les princesses de suivre des yeux le cortége. Elles le suivaient de l’oreille et du cœur. Elles restèrent à genoux devant la fenêtre pendant tout le temps de l’absence du roi, les mains jointes, le front sur la pierre, demandant pour lui le courage, le sang-froid, la présence d’esprit dont il avait besoin au milieu de ses ennemis.


IV


Paris, ce jour-là, était un camp sous les armes ; l’aspect des baïonnettes et du canon comprimait tout, jusqu’à la curiosité! Le mouvement de la vie semblait suspendu. Tous les postes étaient doublés. Un appel était fait toutes les heures pour s’assurer de la présence des gardes nationaux. Un piquet de deux cents baïonnettes veillait dans la cour de chacune des quarante-huit sections. Une réserve avec du canon campait dans les Tuileries. De fortes patrouilles échangeaient leur qui-vive sur toutes les places et dans toutes les rues.

L’escorte rassemblée le matin au Temple était un corps d’armée tout entier, composé de cavalerie, d’infanterie et d’artillerie. Un escadron de gendarmerie nationale à cheval marchait en tête du cortège. Trois pièces de canon avec leurs caissons roulaient derrière. La voiture du roi suivait ces canons. Elle était flanquée d’une double colonne d’in-