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et non à la majorité absolue, Danton reprit la parole comme un homme pressé d’en finir avec une situation qui lui pèse. « On prétend, dit-il, que telle est l’importance de cette question, qu’il ne suffit pas pour la décider des formes ordinaires de toute assemblée délibérante. Je demande pourquoi, quand c’est par une simple majorité qu’on a prononcé sur le sort d’une nation entière, quand on n’a pas même pensé à élever cette question lorsqu’il s’est agi d’abolir la royauté, on veut prononcer sur le sort d’un individu, d’un conspirateur, avec des formes plus scrupuleuses et plus solennelles. Nous prononçons comme représentants, par droit de souveraineté. Je demande si vous n’avez pas voté à la majorité absolue la république, la guerre. Et je demande si le sang qui coule au milieu des combats ne coule pas définitivement. Les complices de Louis XVI n’ont-ils pas subi immédiatement la peine sans aucun recours au peuple ? Celui qui a été l’âme de ces complots mérite-t-il une exception ? » On applaudit.

Lanjuinais ne laissa pas entraîner sa conscience à ce courant d’applaudissements créé par la parole de Danton. « Vous avez rejeté toutes les formes que la justice et certainement l’humanité réclamaient, la récusation, la forme silencieuse du scrutin, protectrice de la liberté des consciences et des suffrages ; on paraît délibérer ici dans une Convention libre, mais c’est sous les poignards et les canons des factieux ! » L’Assemblée repoussa ces considérations et déclara la séance permanente jusqu’à la prononciation du jugement. On commença le dernier appel nominal à huit heures du soir.