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vingt-trois voix votèrent contre tout recours à la nation. Au nombre des premiers on remarquait : Rebecqui, Barbaroux, Duprat, Durand de Maillane, Duperret, Fauchet, Cambon, Buzot, Pétion, Brissot, Vergniaud, Guadet, Gensonné, Grangeneuve, Lanjuinais, Louvet, Salles, Hardy, Mollevault, Valazé, Manuel, Dusaulx, Bertucat de Saône-et-Loire, Sillery, l’ami du duc d’Orléans, qui commençait à se détacher des Jacobins et de ce prince, et à pencher vers les doctrines et vers l’échafaud des Girondins.

Parmi les seconds tous les membres de la Montagne et quelques membres du parti girondin, chez lesquels la jeunesse, l’ardeur et l’enivrement révolutionnaire étouffaient tout scrupule. Le résultat de cette épreuve consterna les hommes courageux de ce parti et décida les indécis. Danton, muet et observateur jusque-là, saisit, dès le lendemain 16, la première occasion d’accentuer énergiquement l’impatience du sang qu’il n’avait pas dans l’âme, mais qu’il feignait pour rester au niveau de lui-même. On délibérait sur un ordre de fermer les théâtres, donné par le conseil exécutif. « Je vous l’avouerai, citoyens, dit Danton en se relevant et en prenant l’attitude de l’homme de septembre, je croyais qu’il était d’autres objets qui devaient nous occuper que la comédie ! Il s’agit de la liberté ! répondent quelques voix. — Oui, il s’agit de la liberté ! reprend Danton ; il s’agit de la tragédie que vous devez donner aux nations ! il s’agit de faire tomber sous la hache des lois la tête d’un tyran ! Je demande que nous prononcions sans désemparer sur le sort de Louis ! »

On vota la proposition de Danton. Lanjuinais ayant proposé ensuite que la peine fût votée aux deux tiers des voix