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l’avait écrasé, Louis XVI ne formait qu’un vœu : celui d’être oublié dans cette tour jusqu’à ce que l’invasion étrangère, ou le sang-froid revenu au peuple par les victoires de la république, ou les inconstantes vicissitudes d’une révolution, lui rendissent, non le trône, mais l’obscurité d’un exil plus doux et la liberté de sa famille. L’adoucissement de sa prison, l’accent de compassion et la physionomie moins irritée de ses gardiens, entretenaient depuis quelque temps en lui cette lueur d’espérance. Il croyait reconnaître à ces symptômes que la colère s’apaisait au dehors. Elle s’apaisait en effet, mais c’était par la satisfaction prochaine dont elle avait désormais la certitude. Ce n’était plus la peine de haïr une victime qu’on allait sitôt immoler.


II


Le 11 décembre, pendant le déjeuner de la famille royale, des bruits inusités se firent entendre autour du Temple. Le rappel des tambours, le hennissement des chevaux, le pas de nombreux bataillons sur le pavé de la cour, étonnèrent et troublèrent les prisonniers. Ils interrogèrent longtemps les commissaires qui assistaient au repas, sans obtenir de réponse. Enfin on annonça au roi que le maire de Paris et le procureur de la commune viendraient dans la matinée le prendre pour le conduire à la barre de la Convention afin d’y subir un interrogatoire, et que ces troupes