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L’ordre du jour répondit dédaigneusement aux tentatives de l’ambassadeur d’Espagne.

On reprit la discussion sur le jugement du roi. Buzot et Brissot soutinrent l’appel au peuple. Carra, quoique Girondin, le combattit. Gensonné, dans un discours direct, apostropha longuement Robespierre.

« Il est, dites-vous, un parti qui veut enlever la Convention de Paris et faire égorger les citoyens par les citoyens. Tranquillisez-vous, Robespierre ! vous ne serez pas égorgé, et je crois même que vous nè ferez égorger personne. La bonhomie avec laquelle vous reproduisez sans cesse cette doucereuse invocation me fait craindre seulement que ce ne soit là le plus cuisant de vos regrets. Il n’est que trop vrai, l’amour de la liberté a aussi son hypocrisie et ses tartufes. On les reconnaît à leur haine contre les lumières et contre la philosophie, à leur adresse à caresser les préjugés et les passions du peuple. Il est temps de signaler cette faction à la nation entière. C’est elle qui règne aux Jacobins de Paris, et ses principaux chefs siégent parmi nous. Que veulent-ils ? Quel est leur but ? Quel étrange gouvernement se proposent-ils de donner à la France ? Ne disent-ils pas qu’aucun républicain ne restera sur le territoire français si Louis n’est pas envoyé au supplice ? qu’il faudra alors nommer un défenseur à la république ? Quoi ! vous ne formez pas une faction, et vous vous désignez vous-mêmes sous le nom de députés de la Montagne, comme si vous aviez choisi cette dénomination pour nous rappeler ce tyran d’Asie qui n’est connu dans l’histoire que par la horde d’assassins qu’il traînâit à sa suite et par leur obéissance fanatique aux ordres sanguinaires de leur chef ! Robespierre ne vous a-t-il pas dit avec une pré-